Sur les violences dans les relations amoureuses et intimes entre femmes
Avertissements (TW) : misogynie, préjugés sexistes.
Dans le cadre de la sortie de Les violences dont vous êtes…, nous avons cherché à mieux comprendre les violences vécues en contexte de relations amoureuses et intimes entre femmes. Afin d’éclaircir ce sujet complexe, nous avons déboulonné trois idées reçues pour vous!
Les relations entre lesbiennes ne sont jamais violentes.
Affirmer une telle chose revient à dire que la violence dans les relations intimes et amoureuses entre femmes n’existe pas. C’est évidemment faux. Sur le site du Gouvernement du Canada, il est très clairement indiqué que l’idée selon laquelle les lesbiennes sont nécessairement « compréhensives et empathiques les unes envers les autres » n’est malheureusement pas une vérité absolue : la violence existe bel et bien dans certaines relations lesbiennes.
Cette idée qui veut que toutes les femmes soient douces est ancrée dans les stéréotypes de genres. En suivant cette logique, on pourrait en venir à croire que s’il y a violence dans une relation entre femmes, c’est parce que l’une d’elle est une « femme garçonne » et que l’autre est une « femme féminine ». Ainsi, on pourrait expliquer à tort qu’une expression de genre plus masculine mène à la violence et qu’exprimer un genre plus féminin mène à la victimisation. Or, il n’y a pas de lien entre l’expression de genre et les comportements violents.
La violence dans les relations entre femmes est réciproque.
En d’autres mots, selon cette idée reçue, les deux partenaires contribueraient également à la violence lorsqu’elle survient dans une relation amoureuse ou intime. Encore une fois, cette idée prend sa source dans une fausse croyance qui voudrait qu’une relation entre personnes de même genre, et tout particulièrement entre deux femmes, soit nécessairement égalitaire. Ce qui n’est pas le cas.
Selon la même page du site du Gouvernement du Canada, les relations violentes sont la plupart du temps caractérisées par l’interaction entre une personne agresseure et une personne victime. Il est spécifié que lorsqu’une personne se défend ou résiste à la violence qui lui est infligée, on ne peut pas la considérer comme l’initiatrice de la violence, encore moins comme agresseure, puisque ses gestes s’apparentent à la légitime défense
La violence vécue dans les relations entre lesbiennes est systémique, tout comme celle qui est vécue par les femmes en relations hétérosexuelles.
Pour démystifier cette affirmation, un rapide coup d’œil au site web du Centre de solidarité lesbienne nous indique que c’est faux. Dans les relations hétérosexuelles, les violences que les hommes exercent envers les femmes leur assure un contrôle personnel sur leur partenaire, mais contribuent également à assurer la domination d’autres hommes sur d’autres femmes.
Au contraire, les femmes qui exercent de la violence sur leur partenaire femme ne le font que pour s’assurer un contrôle personnel. La raison en est que la violence entre femmes n’est « pas soutenue [ni] renforcée par le mariage, la dépendance économique, la division sexuelle des tâches, l’inégalité salariale entre les sexes [ou] un système judiciaire plus clément envers l’agresseur. Elle n’est pas encouragée par la télévision, le cinéma et la pornographie. »
Le texte continue en expliquant que les femmes « lesbiennes ne profitent pas, en tant que groupe social, du pouvoir que l’une d’entre elles impose à une autre. Lorsque la relation cesse, ce contrôle personnel s’effondre. » Ce qui explique que la violence entre lesbiennes n’est pas systémique.
Cela dit, que la violence dans les couples lesbiens ne soit pas systémique ne revient pas à dire qu’elle est moins grave. La violence conjugale, sous toutes ses formes, est un urgent problème de santé publique dont les femmes représentent 78% des victimes (Le Devoir).
Également, on peut affirmer que les violences entre femmes ne sont pas systémiques dans la mesure où les femmes en question ont les mêmes privilèges. Cependant, quand un nouveau système d’oppression entre en ligne de compte, les leviers de pouvoirs ne sont plus les mêmes. Par exemple, une femme trans racisée, bien que femme, n’a pas les mêmes privilèges qu’une femme cisgenre et blanche. Des violences systémiques autres que le genre, c’est-à-dire le racisme et la transphobie, sont alors en jeu.
Sources :
La violence dans les relations lesbiennes
Gouvernement du Canada
Agir publiquement pour contrer la violence,
Irène Demczuk
Centre de solidarité lesbienne
La violence conjugale en chiffres,
Ariane Chevrier, Maude Faucher et Antoine Béland
Le Devoir
Les violences dont vous êtes…
Les violences dont vous êtes…, c’est un jeu en ligne dont l’objectif est loin d’être ludique. Le jeu interactif s’attaque à la difficile tâche de sensibiliser le public aux différentes violences quotidiennes et micro-agressions vécues par les personnes LGBTQ+. Ces types d’agression sont difficiles à démontrer car, prises une par une, ce sont des situations qui peuvent paraître banales. Cependant, lorsque vécues de façon répétées, l’effet cumulatif de ces expériences prend une toute autre dimension. C’est pourquoi Interligne invite les internautes à se glisser dans la peau de différentes personnes au moment de vivre différentes formes de violences.
SOS Violence conjugale
sosviolenceconjugale.ca
1 800 363-9010
ligne ouverte 24h/7
Centre de Solidarité lesbienne
solidaritelesbienne.qc.ca
Si vous êtes victime de violence ou si vous connaissez une personne qui en subit, si vous cherchez des ressources pour vous venir en aide, communiquez avec notre ligne d’écoute. Notre équipe d’intervention est disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, par téléphone, texto et clavardage!
1 888 505-1010
interligne.co
Si votre intégrité physique est menacée ou que vous ne vous sentez pas en sécurité, contactez immédiatement les services d’urgence.