Vous êtes dans une situation où une agression est commise sous vos yeux.
Vous soupçonnez que votre amie est dans une relation abusive.
Une personne vous confie la violence qu’elle vit au quotidien dans le foyer familial.
Quelles que soient les circonstances, pour bien aider une personne, il est pertinent de se poser les questions suivantes :
La personne est-elle en danger? Suis-je moi-même en danger?
Lorsqu’on est témoin d’une situation de violence, on a en quelque sorte la responsabilité sociale d’aider la personne violentée. Attention! Cette responsabilité ne s’applique pas à tout prix. Le plus important est de préserver la sécurité de chaque personne impliquée dans la situation et d’agir dans la mesure de ses moyens.
Si vous jugez qu’intervenir aggraverait la situation, vous pouvez…
- rester à distance ou vous réfugier en lieu sûr et contacter la police;
- remettre votre intervention à plus tard lorsque le contexte sera sécuritaire;
- ne pas intervenir.
Si vous jugez qu’intervenir améliorerait la situation, vous pouvez…
- demander à la personne si elle a besoin d’aide, par exemple pour aller porter plainte à la police ou pour rentrer chez elle;
- rester avec la personne pour ne pas qu’elle soit seule, par exemple jusqu’à l’arrivée des secours;
- amener la personne aux urgences, par exemple dans le cas d’une personne suicidaire ou violente envers elle-même;
- amener la personne à contacter une personne de confiance;
- faire appel aux gens qui vous entourent pour ne pas intervenir seule;
- faire diversion en abordant la victime, par exemple en demandant l’heure ou en faisant mine d’être son ami·e;
- vous interposer entre l’agresseur·euse et la victime pour protéger cette dernière;
- prendre l’agresseur·euse à part et lui dire calmement que son comportement est problématique et inacceptable.
Quel est mon niveau de proximité avec la personne?
Venir en aide à une personne proche de vous (membre de la famille, partenaire intime, ami·e) demande une implication plus grande en temps et en émotions qu’aider une connaissance ou une personne inconnue.
Dans tous les cas, selon ce que vous êtes à l’aise de faire et ce que vous jugez approprié à la situation, il peut être aidant de/d’…
- se montrer à l’écoute; ne pas porter de jugement;
- reconnaitre la violence vécue; valider les sentiments exprimés par la personne;
- signifier à la personne que vous croyez ce qu’elle vous dit;
- éviter de banaliser, de minimiser ou de dramatiser la situation; éviter les réactions trop fortes; maitriser vos émotions;
- encourager les forces de la personne; souligner son courage de s’être ouverte à vous;
- déculpabiliser la personne; lui expliquer que la responsabilité revient entièrement à l’agresseur·euse;
- se montrer disponible et attentif·ve et le demeurer quoi qu’il en soit; si vous vous en sentez incapable, trouver une autre personne en mesure de le faire;
- vérifier si la personne est en sécurité, par exemple si elle a des idéations suicidaires ou si elle est en contact avec l’agresseur·euse;
- favoriser l’autonomie de la personne en lui donnant de l’espace; l’aider à reprendre du pouvoir sur sa vie;
- normaliser et valider les réactions et les émotions de la personne; lui laisser le temps et l’espace pour s’exprimer;
- proposer des ressources d’aide adaptées; soutenir et accompagner la personne dans sa recherche d’aide.
Au contraire, il peut être nuisible de/d’….
- parler sans arrêt; poser des questions suggestives ou indiscrètes pour satisfaire une curiosité mal placé;
- se montrer sceptique; mettre en doute ce que la personne vous dit;
- banaliser, minimiser ou dramatiser le vécu de la personne; lui donner l’impression qu’elle exagère ou, au contraire, qu’elle devrait réagir davantage;
- pointer les faiblesses de la personne; souligner ce qu’elle aurait pu dire ou faire;
- culpabiliser la personne; la blâmer de ne pas avoir eu la bonne réaction; lui donner l’impression qu’elle a une part de responsabilité dans ce qui lui est arrivé;
- ignorer la demande d’aide de la personne; ne pas agir; se déresponsabiliser sous prétexte que sa situation ne vous concerne pas;
- surprotéger la personne en ne la laissant jamais seule ou en lui renvoyant l’impression que le monde extérieur est dangereux;
- invalider les réactions et les émotions de la personne; l’empêcher de s’exprimer; lui dire de passer à autre chose.
La personne est-elle consciente qu’elle vit de la violence?
Une personne peut vivre de la violence, mais ne pas l’interpréter comme telle. Le plus important est de lui signifier que vous êtes là pour elle, si elle a besoin de parler ou simplement de ne pas être seule. Faites-lui savoir que sa sécurité est importante pour vous. Ne la culpabilisez jamais de rester avec la personne qui lui fait du mal; faites-lui plutôt savoir que vous comprenez la complexité de sa situation et que vous êtes disponible quoi qu’il en soit. Encouragez-la à faire des choses en-dehors de la relation potentiellement abusive. Proposez-lui un plan de sécurité incluant une liste de ressources spécialisées, au cas où elle en aurait besoin.
Voici quelques signes avertisseurs qu’une personne vit de la violence :
Indices physiques
- ecchymoses, coupures, marques ou cicatrices inhabituelles ou récurrentes
Indices comportementaux chez la victime de violence conjugale :
- La personne est nerveuse lorsqu’en présence de son·sa partenaire.
- La personne tente de cacher ses blessures physiques.
- La personne évite les relations sociales, par exemple s’absente souvent du travail.
- La personne excuse ou se blâme pour le comportement violent de son·sa partenaire.
- La personne semble triste, retirée, apeurée.
- La personne est souvent fâchée et sur la défensive.
- La personne consomme plus que d’habitude (drogue, alcool).
Indices comportementaux chez le·la partenaire violent·e :
- La personne dénigre, menace ou se montre physiquement violente envers son·sa partenaire en public.
- La personne a une attitude de supériorité, par exemple empêche son·sa partenaire de prendre la parole.
- La personne surveille en tout temps son·sa partenaire.
- La personne se montre jalouse, possessive, soupçonneuse.
- La personne tente d’isoler son·sa partenaire.
- La personne minimise son propre comportement ou se présente comme la victime.
- La personne consomme.
État de choc suivant une agression à caractère sexuel :
- La personne est colérique, agressive.
- La personne est dans un état anxieux ou de peur intense.
- La personne est dépressive, triste, désorganisée.
- La personne a des sautes d’humeur fréquentes.
- La personne a des troubles du sommeil.
- La personne manifeste des troubles de l’alimentation.
- La personne est moins tolérante dans les situations qu’elle perçoit comme menaçantes.
- La personne s’isole.